Au Sénégal, le débat est posé depuis que la troisième épouse d’un guide religieux s’est autoproclamée successeur de son mari déclenchant une querelle de succession et une mise en garde de l’autorité suprême de la communauté mouride.
Le pays n’a jamais eu de femme présidente mais Mame Madior Boye est devenu la première femme Premier ministre de mars 2001 à novembre 2002. Elle a fait des émules car Aminata Touré est devenue Premier ministre en 2013. Un poste qu’elle a quitté en 2014.
Si sur le plan politique les femmes semblent briser le plafond de verre, sur le plan religieux les choses ne sont pas aussi simples.
Qu’est-ce qui s’est passé?
Sokhna Aida Diallo, la troisième épouse du guide des Thiantacounes, décédé le 7 mai 2019 à Bordeaux en France, l’a apprise à ses dépens car beaucoup de ses compatriotes estiment qu’une femme ne doit pas être à la tête d’une communauté religieuse conformément à l’orthodoxie islamiques et aux textes coraniques.
Sa volonté de succéder à son mari s’est heurtée à l’intransigeance du Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké Bassirou.
Dans une déclaration mardi soir, le guide religieux a tout simplement excommunié Aida Diallo tout dénonçant « ses agissements » qui, selon lui, sont contraires à l’islam.
Mercredi soir, elle a présenté ses excuses au khalife général des mourides dans une vidéo. L’islamologue Khadim Mbacké soutient qu’une femme n’a pas le droit de diriger un groupe mixte où il y aurait des femmes et des hommes.
« Elle doit instruire ses sœurs en matière de religion, mais elle ne peut pas diriger des femmes et des hommes. Ce n’est pas possible, selon les enseignements de l’islam « , précise le professeur.
Toutefois, il souligne que « la femme a un rôle indispensable dans l’islam « . « La femme a joué un rôle dans la genèse et le développement de la religion comme Khadija, la première épouse du Prophète, Oumou Salamata et Aïcha qui ont aidé leur époux, le Prophète à réussir sa mission », déclare le Pr. Khadim Mbacké interrogé par la radio sénégalaise RFM.
Selon lui, la femme a le devoir de diriger d’autres femmes si elle en a les compétences.
Place de la femme dans l’Islam
Le journaliste-écrivain, Serigne Mansour Sy Cissé, spécialiste des questions islamiques, indique que « l’islam confère à la femme, un rôle certes important dans la société, mais encadré. »
« Dans un contexte marqué par un leadership et un féminisme débordant, qui transgresse parfois, des permis et défendus, certaines femmes pensent pouvoir disputer l’héritage spirituel aux hommes », explique le journaliste.
En aucun cas, la femme ne peut diriger une prière devant des hommes, selon Imam Malick. A ses yeux, le califat ou l’imamat d’une femme n’est pas accepté par les textes islamiques.
« Toutefois, il faut admettre que le Prophète Mohamed exhortait les musulmans, à se rapprocher de son épouse Aïcha pour apprendre la moitié de leur religion. Cela signifie qu’elles peuvent bien accéder à la théologie musulmane et à ses branches de par leur dévouement. Jamais Aïcha n’a été calife de la Oumah, ni Imam de mosquée », ajoute M. Cissé.
En revanche, les femmes sont logées à la même enseigne que les hommes en termes d’éducation, de formation, d’adoration envers Dieu, de vie professionnelle intense, comme Khadija, qui employait Seydina Mouhamed, avant la Révélation, mais force est de reconnaître qu’à côté des recommandations, il y a des interdits ». soutient-il.
Bbc Afrique
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