A l’heure ou le G7 a refermé ses portes à Biarritz que retiendra-t-on de la visite, en tant qu’invité, de Macky Sall chef d’État Sénégalais ? L’occasion était belle pour lui dans le cadre du dialogue Nord-Sud de prendre des initiatives.
Les sujets ne manquent pas comme l’évasion et la fraude fiscale qui ruinent les pays africains ainsi que le transfert des avantages fiscaux dont bénéficient les grandes multinationales (entreprises minières, Gaz, Télécoms, etc.). Sur ces deux points par exemple y a-t-il eu des avancées à Biarritz ? On attend que le chef de l’État nous le dise.
Au-delà de ces problèmes la situation des inégalités est la plus cruciale. Et de ce point de vue les pays les plus puissants du monde ont une responsabilité ne serait-ce en raison de l’histoire de la colonisation qui les relient à l’Afrique. La France avec l’Afrique de l’Ouest et de l’Est, l’Italie avec la Libye, mais aussi l’Allemagne (Cameroun, Togo, Tanzanie), la Grande-Bretagne (Gambie, Sierra-Leone, Ghana, Nigéria).
Certaines pratiques subsistent en effet malgré la décolonisation. Ainsi trop souvent les matières premières que nous produisons sont exportées pour être transformées en Europe avant de revenir dans nos pays comme produits manufacturés. Avec les coûts élevés que cela entraîne. Le Président Léopold Sédar Senghor ne ratait pas l’occasion de rappeler à ses pairs lors des sommets internationaux, la détérioration des termes de l’échange.
Déjà au sommet de La Baule en juin 1990 le président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny exhortait l’Europe non pas à opérer des transferts de technologies vers l’Afrique mais bien plutôt à former des techniciens qui pourraient transformer sur le continent les matières premières, notamment les différents minerais. Et sortir ces pays de leur dépendance et acquérir une véritable autonomie. Houphouët-Boigny citait à ce propos un adage africain « Tu nourris tes enfants jusqu’à ce qu’ils aient des dents pour que ceux-ci puissent te nourrir lorsque tu les auras perdus ».
Trente ans après qu’en est-il ? Rien, ou presque n’a changé. N’oublions pas non plus que nous exportons un grand nombre d’emplois à travers nos émigrés, même si la plus grande migration se fait entre pays africains. Mais lutter contre les inégalités en Afrique c’est aussi lutter contre les disparités importantes entre citadins et ruraux souvent cause de précarité, voire de pauvreté. Et sur ce point nous n’avions rien à attendre du G7 car c’est à nous Sénégalais qu’il convient de régler le problème.
L’Afrique est quelques fois comme cet avion qui éprouve des difficultés à décoller par manque de kérozène. Cependant comme le disait Abdoulaye Wade lors d’un sommet de la FAO : « Le concept de foule assistée est dépassé, nous ne sommes pas des mendiants ». Le même réclamait qu’une seule institution remplace toutes les organisations s’occupant du développement en agriculture et qu’on cesse de multiplier les experts à l’infini. Qu’on fasse confiance aussi aux africains pour prendre leurs responsabilités et leur destin en main. Mais n’est pas Abdoulaye Wade qui veut et le président Macky Sall a manqué d’énergie et de courage, au cours de ce G7. Il s’est contenté de faire un petit tour de piste et de s’en aller.
Par exemple concernant la corruption, comment pouvait-on sérieusement espérer que Macky Sall fasse des propositions face à ce phénomène qui gangrène notre société au moment même où son propre frère, Aliou Sall est impliqué dans ce qu’on appelle le PétroGaz Gate. Quelle crédibilité peut-il avoir face aux chefs d’État les plus importants de la planète ?
Quant à la situation politique au Sénégal j’ai retenu que le président Sénégalais a surtout précisé qu’il utiliserait son droit de grâce à l’égard de Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar « le jour où il en aura la volonté ou le désir ». De tels propos sont-ils dignes d’un chef d’Etat prétendument républicain et ne relèvent-t-ils pas plutôt d’un autocrate imbu de son pouvoir ?
En résumé je crains que l’image du Sénégal ne soit pas sorti renforcée de ce sommet de Biarritz et je pense que nos compatriotes sénégalais méritaient mieux que ces pantomimes et gesticulations oratoires d’un chef de l’Etat plus soucieux de sa personne que du bien commun.
Ibrahima Thiam Président du mouvement « Un Autre Aveni
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