La mort à l’âge de 95 ans de Robert Mugabe, « Bob » pour les intimes, qui dirigea durant 37 ans d’une main de fer dans un gant d’acier l’ex-Rhodésie devenue Zimbabwe depuis l’indépendance, nous conduit à nous interroger.
Voilà un homme qui a fait de brillantes études, qui a lutté contre un pouvoir blanc ségrégationniste, la Rhodésie étant peuplée à 95% de noirs, qui s’est exilé au Mozambique voisin avant dans les années 1980 de revenir en triomphateur dans ce qui s’appelait désormais le Zimbabwe. Un homme qui devient alors premier ministre avant d’être élu chef d’Etat.
Voilà un homme à qui durant des années l’occident à fait les yeux doux, un homme qui cependant n’a jamais su élever économiquement son pays, appauvri après le départ de milliers de colons blanc, alors que le Zimbabwe était le grenier à blé de l’Afrique australe. Résultat après 37 ans d’un pouvoir sans partage près de 80% des Zimbabwéens sont au chômage. Un homme aussi qui a muselé son opposition en se livrant en 1982 à une répression sanglante, torturant et tuant près de soixante-dix mille personnes selon Amnesty international. Il faut dire qu’en 2003 il déclarait : « vouloir devenir le décuple de Hitler ».
Voilà un homme qui au fil des années à instauré un pouvoir personnel, autoritaire et qui ne doit qu’aux fraude électorales et à la violence d’avoir été réélu successivement en 1996, 2002, 2008 et 2013.
Voilà un homme qui a fait de sa deuxième épouse, Grace Mugabe, une nouvelle Imelda Marcos des Philippines ambitieuse allant jusqu’à posséder une garde-robe et des centaines de chaussures à faire pâlir d’envie n’importe quelle princesse Cendrillon.
Voilà un homme enfin, devenu au fil des années à ce point mégalomane qu’il portait des costumes imprimés à sa propre effigie.
Un homme donc, qui en de nombreux points, à connu une existence semblable à des dictateurs restés célèbres dans l’histoire comme Ceausescu en Roumanie, Tito en Yougoslavie et Castro à Cuba, pour ne citer qu’eux. Des dictateurs arrivés au pouvoir en libérant leur pays du joug des tyrans avant qu’ils ne deviennent eux-mêmes des despotes. Un peu comme des enfants battus qui reproduisent le même schéma plus tard avec leurs enfants.
Cette dérive autocratique doit nous interroger. Comment un dirigeant politique peut-il passer de l’état de « héros libérateur » à celui d’être sanguinaire, honni de tout un peuple. Aujourd’hui encore en Afrique plusieurs individus connaissent une destinée comparable à commencer par Teodore Obiang Nguema en Guinée équatoriale, Mswati III le roi du Swaziland, Yahya Jammey en Gambie ou encore Isaias Afewerki en Erythrée.
On croyait le temps des Staline, Hitler, Mao Tsé-Toung, Pol Pot, révolu, c’est méconnaître l’appétit du pouvoir absolu d’individus sans foi ni loi. La disparition aujourd’hui de Mugabe doit nous faire réfléchir. Et nous conduire à se poser cette question : Comment pouvoir stopper immédiatement des chefs d’Etat qui sous l’empire de la folie ou de la maladie, (lire les deux tomes de l’excellent livre « Ces malades qui nous gouvernent de Pierre Accoce ») commettent les pires atrocités sur leur propre population ?
De Périclès dans la Grèce antique, en passant par Jules César à Rome l’humanité n’a eu de cesse d’engendrer des personnages soucieux de faire le bonheur de leurs peuples malgré eux comme cela a été le cas au cours des derniers siècles avec le stalinisme, l’hitlérisme, le maoïsme, les khmers rouges, le titisme, etc. Se pourrait-il qu’un jour enfin la sagesse, le désir de paix et de fraternité l’emportent sur la volonté de quelques-uns d’imposer leur loi par la force ?
Lorsque Churchill disait que « la démocratie était le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres », il voulait dire qu’il revenait au peuple souverain de prendre son destin en mains et qu’il ne devait surtout pas le remettre à des aventuriers. Sur ce point nous ne serons jamais assez vigilants.
Ibrahima Thiam Président « Un Autre Avenir »
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